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Des nichoirs à chouettes


Stéphane Guez - 02/07/2023 - 0 comments

Pour éviter la dératisation chimique, ces producteurs normands installent des nichoirs à chouettes

Une trentaine de producteurs laitiers de l’Orne ont fait installer un nichoir sur leur exploitation pour attirer les chouettes effraies, gourmandes en petits rongeurs. Ils veulent ainsi limiter l’utilisation de la dératisation chimique.

Les chouettes effraies sont friandes de micromammifères, comme les rats ou les souris.
Les chouettes effraies sont friandes de micromammifères, comme les rats ou les souris. | JOHANN LAUNAY/CPIE

Une forte odeur de foin sec embaume le grand séchoir en grange tout neuf de Charles Deparis, éleveur laitier à Bellou-en-Houlme (Orne). Dans une nacelle, à plus de 8 m de hauteur, Johann Launay, chargé de mission au Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) des collines normandes, fixe deux bouts de bois pour y installer un nichoir à chouettes effraies de sa confection.

Un nichoir à chouettes effraies a été installé dans une trentaine d’exploitations laitières de l’Orne. | OUEST-FRANCE

En ce milieu du mois de juin, il a déjà installé la moitié des 34 nichoirs qu’il a prévu d’installer chez la trentaine d’éleveurs laitiers participants, qui livrent tous leur lait à la fromagerie Gillot. Objectif de ce projet, nommé « Un noctambule dans ma stabul’» : que les animaux nocturnes éliminent naturellement les rongeurs, vecteurs de maladie. Une nichée de chouettes effraies consomme jusqu’à 170 kg de micromammifères par an.

Johann Launay (à droite), du CPIE des collines normandes, installe un nichoir à chouettes effraies dans l’exploitation laitière de Charles Deparis (à gauche), à Bellou-en-Houlme (Orne). | OUEST-FRANCE

Alternative à la dératisation chimique

« On cherchait une alternative à l’utilisation de produits de dératisation chimique, détaille l’éleveur ornais, également fer de lance de l’organisation des producteurs de lait en AOP (appellation d’origine protégée). On est producteur de lait cru, donc on essaie d’avoir un environnement sain et équilibré. »

Lui dépense environ 500 € par an en dératisation et compte bien faire baisser ses coûts avec cette espèce qui « adapte son modèle reproductif à la disponibilité alimentaire », selon Johann Launay.

Une caméra, installée dans chaque nichoir, servira à regarder si les chouettes effraies en ont trouvé le chemin. | DR

Ce programme de 54 000 € est financé à 80 % par l’Office français de la biodiversité. Un autre aspect positif de ce programme est de prévenir la disparition de la chouette effraie. « Quand j’en parle avec les anciens, ils me disent qu’ils la connaissent bien, poursuit le chargé de mission au CPIE. De fait, cette espèce a beaucoup souffert de la disparition croissante d’écosystèmes comme les haies. »

Une caméra pour vérifier les nichées

Un nichoir à chouettes effraies est installé dans l’exploitation laitière de Charles Deparis à Bellou-en-Houlme (Orne). | OUEST-FRANCE

Après avoir fait un trou dans le nichoir pour y laisser entrer les bêtes, le jeune homme y installe une caméra. « Je t’ai pris le top du top ! » jure-t-il à Charles Deparis, qui l’aide à fixer l’instrument qui permettra de vérifier si les nichoirs se remplissent.

« Les chouettes ont un instinct cavernicole et ne peuvent pas s’empêcher d’aller voir ce qu’il y a dans les trous » , poursuit-il. Ses nichoirs ont été conçus comme des protections contre la lumière, le vent, la pluie et le froid.

Une fois ce dernier installé sous le toit du séchoir à foin, il rajoute un peu de paille. « Elle est pleine d’air, donc tu pourras voir avec la caméra si des chouettes l’ont visité » glisse-t-il à l’éleveur, qui a pour autre consigne de changer la paille tous les ans. Les premières nichées sont attendues pour le printemps.

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